Bonsoir,
Vous ferez le commentaire de l'extrait suivant du roman HHhH de Laurent Binet de << J'imagine la scène >> à << 1918 >>.
Vous vous demanderez comment cette scène imaginaire repose sur une explication
historique du nazisme. Vous pourrez par exemple vous interroger sur la manière dont les futurs nazis sont présentés et sur la confrontation avec la réalité que leur oppose le romancier ; d'autres
plans sont possibles, selon votre réflexion.
J'imagine la scène.
Reinhardt et son père, penchés sur une carte d'Europe étalée sur la grande table du salon, déplacent des petits drapeaux. Ils sont concentrés car l'heure est grave, la situation est devenue très sérieuse. Des mutineries ont affaibli la glorieuse année de Guillaume II. Mais elles ont aussi ravagé l'armée française. Et la Russie a carrément été emportée par la révolution bolchevique. Heureusement, l'Allemagne n'est pas la Russie, ce pays arriéré. La civilisation germanique repose sur des piliers si solides que jamais les communistes ne pourront la détruire. Ni eux ni la France. Ni les Juifs, évidemment. À Kiel, Munich, Hambourg, Brême, Berlin, la discipline allemande va reprendre les rênes de la raison, du pouvoir et de la guerre. Mais la porte s'ouvre. Elizabeth, la mère, fait irruption dans la pièce. Elle est complètement affolée. Le Kaiser a abdiqué. La république est proclamée. Un socialiste est nommé à la chancellerie. Ils veulent signer l'armistice. Reinhardt, muet de stupeur, les yeux écarquillés, se tourne vers son père. Celui-ci, après de longues secondes, parvient à murmurer une seule phrase:« Ce n'est pas possible.»
Nous sommes le 9 novembre 1918.
HHhH - Page 18 de Laurent Binet